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C'est quand même bien, pour une fille !
14 février 2008

38 - "Il est trop mignon"

the_tear

"Oh ! Oh ! Oh ! Oh mon dieu ! Dieu ! Ils m’ont enfermée. Je suis sûre qu’ils m’ont enfermée. Je vais aller les chercher je sais qu’ils veulent que je meure. Ils me reprochent cette odeur, cette odeur dégueulasse, fétide, qui emplit ma chambre, semble suinter des murs eux-mêmes, mon dieu ! Sauve-moi ! Ce soir la Lune resplendit comme un joyau, une pierre translucide qui éclabousse ma pièce, ma cellule, le seul endroit qui m’appartient. Lorsque je marche j’écrase des choses. Le sol est jonché d’objets, qui s’étendent en plusieurs strates de désordre. La Lune brille, cette insolente. Je sais que je suis laide quand je pense. Mon reflet dans ma glace ! Oh ! Oh ! Dieu ! Je vais mourir, je le sais, je sens que je vais mourir. J’ai écarté les rideaux, tout grand, le ciel noirci est dégueulasse il va me bouffer je le sais. Et il rotera mes entrailles pour qu’elles pleuvent sur le village. Ils ne savent pas d’où vient l’odeur. L’odeur vient de mes tampons usagés qui sont écrasés. Je sais qu’ils existent. Mes tampons usagés sont la première strate, sous tous les objets qui jonchent mon sol. Ça pue le sang menstruel, le sang qui pourrit, qui s’imprègne au plancher et qui se mêle à l’odeur des pots de fleurs renversés. Et puis je vomis, quand je vomis par la fenêtre sa coule sur le mur et ça se mélange, et quand je bois l’alcool se mêle, et les cendres des clopes, le shit, je m’en fous du shit, les boulettes je les écrase et les mêle aux odeurs. La terre et le sang, les bêtes habitent dans ma chambre, elles me dévorent pendant la nuit, elles sucent mon sang et me font des piqûres, Dieu ! Dieu ! Dieu ! Ils n’en ont rien à foutre. Alors je m’adresse à TOI. Eux, ils ne rentrent jamais dans ma cellule. Ils préfèrent copuler dans les chambres inférieures, avec leurs corps flasques et vieux. Je le sais, je les ai entendus et je déteste mon nez. Heureusement qu’elle est stérile maintenant, elle, elle n’a plus de sang et lui son sperme pue et commence à s’user. J’en suis sûre. Ils ont assez fait de gosses comme ça, assez de désastre. Oh, Dieu. Dieu ; je sais que tu es là, que tu existes, que tu m’entends. La croix qui pend me scinde le cou et je m’agenouille sur le sol dégueulasse. J’ai la tête lourde et brûlante. Mes genoux sont maculés de sang et de terre, j’ai coupé mon épiderme avec un cutter et j’ai mélangé le sang de fille à la terre de l’orchidée que m’avait offerte R. pour mon quinzième anniversaire.

  Je me suis fait ronger de l’intérieur par cette haine, je me suis fait ronger de l’intérieur. J’effleure mes côtes…Dieu. Je crois de toute mon âme que mon salut est proche. Le museau humide de l’enfant, les jambes nues de l’amante. Des images abstraites s’enchaînent et je flotte déjà hors du temps. Je me vois déjà de l’autre côté. Je me vois déjà inerte. Je me vois déjà les mains immaculées, elles ne sont plus souillées de rouge et de rose. Je me vois déjà hors de cet endroit immonde…Pourtant je ne me suis pas encore pendue."

DECEMBRE 2007

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