3 - Rêver me fait des rides prématurées. Faudrait que j'arrête.

Rigolo :

i need you more than you need me.
Là est la tragédie de ma vie !
C'est une véritable lassitude. Des cours de sports avec des filles qui jouent au basket comme si leur vie en dépendait et qui me hurlent dessus quand je ne bouge pas, j'ai quitté le terrain ; qui comparent leur taille de soutif dans les vestiaires, qui parlent d'épilation et de boyfriends. On a accaparé le cerveau des filles, pour l'emplir de futilités nécessaires à l'aisance de leur vie en société, mais on se hissera hors de l'idiotie ambiante...vraiment ? Faux sur tout, zéro sur vingt salope, je n'arrive plus à écrire. A la fin des règles mes pustulettes se logent sur mon menton, trop dommage je ne peux même pas les cacher avec ma frange. Voilà, je suis une fille. Il me faudrait une barbe.

Maman avait raison, ça fait pute... Qu'est-ce que c'est, pute ? De toute manière à quoi ça sert ? J'ai le crâne bourré d'âneries, je déçois tout le monde, je m'engueule avec la petite, je me révolte contre les hautes autorités de ce lycée d'adultes sots, je tombe amoureuse stupidement, je m'obstine à désirer ce que je n'aurai jamais... je m'enferme dans les chiottes pour y passer la récréation, voilà ce que je fais. Et je fume cigarette sur cigarette, je ris bêtement en sport, je me fais des faux seins avec des ballons de basket, ou un ventre de génisse enceinte, si si. Je descends. C'est comme un escalier dont on atteint chaque marche en se baissant, le sourire aux lèvres. Les autres me font rire. Je ris avec eux. Je mincis enfin. Je mincirai jusqu'aux dix kilos que je veux perdre. Comme depuis toutes ces années de labeur inutile tué par les crises sans fond. De drogue, voilà ce dont j'ai envie.
Comme cette envie de crever qui se fait insistante.

J'aurais dû être un garçon. C'est ça, la tragédie de ma vie.