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Tous autant que nous sommes, êtres humains détraqués,
pervertis, pourris jusqu’à la moelle, nous nous sommes
créé de jolies valeurs pour faire bifurquer notre funeste
destin vers une tendre illusion. Les dieux, le ciel en est
farci, parce que c’est important  pour nous, qu’ils soient
lointains. Et malgré l’évidence de la douleur qu’on subit
à force de vivre, nous continuons à copuler bêtement
dans l’objectif d’engendrer de nouveaux infortunés qui
tenteront vainement de s’aveugler à force de pleurer
toutes les larmes de leur corps. Ils veulent suer par
les yeux, pour sentir le sel, la vie. Tous des masochistes.

C'est que, putain, personne ne répond ici . Le téléphone
sonne dans le vide, les hurlements se répercutent et se
heurtent à des rires mous de lendemain de défonce. Il
fait trop froid, ça mord les mains et ça réduit la bouche
en charpie. Appelle, appelle encore. Il n'y a rien à répondre,
il y a juste l'étendue de pureté blanche qui annonce la fin
de l'année et le commencement d'une nouvelle. Le premier
janvier 2007, dans un vieux matin pâlot, je me suis levée
pour aller gerber et je me demande quand sera ma dernière
année. Il n'y a strictement rien à répondre, personne ne
répond ici, Dieu, Lou, et tous les abandons renaissent. Un
repère, rien que ça. Ils ne répondront pas. Comme Dieu.
Personne ne répond jamais, ici.