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C'est quand même bien, pour une fille !
24 janvier 2008

32 _ La la lu la lère

Je me souviens de moi, enfant, me badigeonnant le torse d'eau glacée en hiver, pour aller en cachette sur le balcon, dans l'espoir indécent d'attraper une maladie qui me cloue au lit et m'empêche d'aller à l'école. Je me souviens des bonbons à la fraise avalés pour rendre ma gorge rouge, des subterfuges pour faire croire que j'avais vomi, des pas vacillants mentant sur mon état. Je me souviens de la tête en arrière, des grattements de gorge pour arriver à tousser. A force d'avoir fait semblant d'être malade au cours de ma vie, je finissais par mêler le vrai et le faux, lorsque la mère appelait le médecin et que j'étais réellement malade je m'en étonnais. Lorsque je voulais faire croire que j'étais malade, j'y croyais tellement moi-même que j'avais l'impression de finir par l'être vraiment. Et je finissais, concrètement, par l'être vraiment. Le docteur pensait rarement que je mentais. Soit j'avais l'air d'une petite fille trop innocente et conne pour être capable d'une préméditation aussi calculée, soit j'étais trop âgée pour m'adonner à ce genre d'enfantillages. Il me diagnostiquait la plupart du temps quelque chose. Mes mensonges voletaient dans un air froid et moribond, se mêlant à la pureté de la vérité, à la vie réelle ; celle que je ne vivais pas.

stella

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