42 - SHERILYN FENN
Une journée comme une autre.
Simone aurait jeté Le Deuxième Sexe au feu. Madame Bovary ne serait même pas morte, la glace à la vanille fonderait dans la neige, et tu t'obstinerais à voir le vase à moitié vide plutôt qu'à moitié plein. Les migraines qui éclosent comme des bourgeons entre les deux yeux, et qui s'épanchent dans des éclairs pétulants jusque dans les orteils. J'ai mal. Dans un autre monde, cette fille qui est moi, elle serait montée tout en haut, muette et confiante. Je ne comprends pas pourquoi j'ai du sang qui s'échappe sournoisement. J'ai mal. Ce trop plein de sucre tapi dans la gorge, qui fait mal quand la salive s'y faufile.
Elle marche sans savoir
Je serai un jour recroquevillée dans la coquille ; je suis le jaune mielleux qui fuit, je suis la tièdeur absurde et la grandeur dégoûtante. Je suis l'envie de vomir, la peluche en trop sur le pull, celle qu'on arrache d'un coup de main et qu'on jette sur le plancher ; je suis la poussière des morts, je suis le ver qui se faufile dans le bois vermoulu. Je suis la limace visqueuse et je suis la plaque de chocolat durcie par le froid.
Elle regarde et elle rit
Je suis le rire face au non-sens, je suis le dégoût et la morbidité. Je suis l'hypocrisie, je suis la calculatrice. Je suis le rêve
Elle veut dormir mais elle n'y arrive plus.
Je suis la pilule blanche et farineuse, je suis la saveur amère et écoeurante. Je suis la moiteur de l'herbe magique, et je suis l'acidité du vin mauvais. Je suis la succube virginale et la sorcière sans alliance. Je suis la jeune fille tremblotante et ensanglantée, je suis la fée et l'ogresse. Je suis la contradiction qui absorbe le lait de la logique.
MON AMOUR ET MA HAINE : Tu as en toi la souillure de la vierge, la pureté de la pute.